dans ce domaine, Apple était également extrêmement fort avec son Macintosh et son interface graphique, comme avec le iPod aujourd’hui, mais a ensuite perdu son leadership", a-t-il déclaré. Le co-fondateur de Microsoft se dit convaincu que les téléphones mobiles MP3 supplanteront le baladeur d’Apple. “Si vous m’aviez demandé quel périphérique mobile occupera la première place pour ce qui est d’écouter de la musique, j’aurais parié sans hésitation sur le téléphone mobile", a-t-il indiqué.
Cette sortie de Bill Gates contre le iPod intervient alors que la firme de Redmond vient de dévoiler la nouvelle version de son système d’exploitation pour périphériques mobiles, baptisé Windows Mobile 5.0. et destiné à équiper aussi bien les Pocket PC que les combinés 3G. Windows Mobile 5.0 introduit notamment la gestion de disques durs miniatures comme ceux qui équipent le baladeur d’Apple. Cette sortie coïncide également avec une certaine défiance des maisons de disques vis à vis d’Apple, à qui elles commencent à reprocher à mots couverts d’avoir imposé un prix unique au marché et de les avoir enfermées dans un modèle économique basé sur la vente de hardware, dont la maîtrise leur échappe complètement.
Dans le même temps, les perspectives mirifiques que laissent entrevoir l’émergence d’une nouveau marché de la musique sur les mobiles encouragent cette défiance vis à vis d’Apple. Les ventes de sonneries mobiles à elles seules ont déjà représenté l’équivalent de 10 % du marché du disque en valeur en 2004 et surpassent les ventes de singles. Les premières offres de téléchargement de titres de musique entiers sur les mobiles commencent à voir le jour en Asie et en Europe et les premiers “MP3 phones” dotés de disques durs miniatures, comme le N91 de Nokia ou le SGH-i300 de Samsung arrivent sur le marché. Selon Strategy Analytics, il s’est vendu plus de 57 millions de combinés dotés de fonctions musicales en 2004 et il s’en vendra 112 millions en 2005, ce qui est sans commune mesure avec les 15 millions de baladeurs iPod aujourd’hui en circulation dans le monde. Un mobile sur deux vendu en 2008, sur 980 millions d’unités, sera un combiné hybride faisant office de baladeur MP3, prévoit le cabinet d’études.
Apple dispose encore d’une fenêtre de tir confortable
Cependant, Apple, qui détient 70 % du marché du téléchargement de musique sur Internet aux Etats-Unis, n’a certainement pas dit son dernier mot. La perspective de voir arriver sur le marché les premiers combinés Motorola intégrant le logiciel iTunes d’Apple et sa technologie de DRM Fairplay suscite de nombreuses craintes chez les opérateurs et pour cause : si leurs abonnés peuvent transférer sur leur téléphone mobile des titres de musique achetés 0,99 € l’unité sur iTunes Music Store, pourquoi iraient-ils télécharger de la musique vendue deux fois plus cher sur les plateformes de téléchargement qu’ils développent dans l’environnement 3G ?
En outre, Apple bénéficie d’une fenêtre de tir confortable pour deux raisons. La première, c’est que le développement du téléchargement de musique sur les mobiles est étroitement lié à celui de la 3G, qui est loin de susciter pour l’instant une demande massive, encore moins aux Etats-Unis qu’en Europe. La deuxième, c’est que l’intégration de technologies de DRM de type OMA DRM 1.0 (conformes au spécifications de l’Open Mobile Alliance) ou Windows Media dans les mobiles prendra encore un certain temps, pendant lequel la majorité des combinés encirculation sera incompatible avec les offres de téléchargement sans fil. Et il faudra encore plus de temps pour que les spécifications DRM 2.0 de l’OMA, qui introduiront la possibilité de transférer des titres téléchargés sur le PC vers son mobile et vice versa, soit adoptées par les fabricants de combinés.
Seule la technologie de DRM Windows Media 10 de Microsoft constitue de ce point de vue une menace réelle pour Apple, dans la mesure où elle permettra de copier sur les mobiles qui la supporteront des titres de musique à la validité temporaire téléchargés dans le cadre d’offres sur abonnement comme Napster To Go ou la nouvelle version portable de Rhapsody. Mais là encore, il faudra un certain temps avant que l’ensemble des fabricants de combinés adoptent cette technologie, si tant est qu’ils acceptent d’être pieds et poings liés à Microsoft.
Par Philippe Astor - ZDNet