Ce « 25 PIGES » de Home Sweet Home porte la légitime ambition de dépoussiérer un peu le genre de ses clichés, et par son métissage sonore de toucher un public plus large et plus adulte, dont les exigences dans la qualité des instrus se double aujourd’hui d’une attention quant aux messages délivrés.
Les textes de « 25 PIGES » parlent de plaisirs simples et de responsabilités, d’envies, de violence et de rêves. Les refrains s’impriment dans les mémoires sans crier gare et l’ont se surprend même à bouger ce que la nature nous a donné de plus potelé sur les plus « dancehall » des morceaux.
Pas de pavés sous les plages mais quelques tubes en puissance(Mectons à principes, Isola, Dans nos rêves…), cependant c’est la qualité globale de l’album qui au final a retenu notre attention. A écouter d’urgence.
Biographie longue :
Nombre de légendes circulent sur ceux que d’aucuns appellent « les nouveaux enfants du hip-hop ». Il n’est pas un grand-père de France et de Navarre qui, faisant une pipe et tirant sur le feu (ou l’inverse), ne possède une anecdote sur ces deux figures emblématiques des quartiers Est de Choisy-le-Roi. Il n’existe pas de réalité absolue, cependant nous possédons aujourd’hui suffisamment d’éléments pour tracer une frise chronologique non exhaustive des grandes étapes de leur jeunesse…
Aurélio, alias SCOPA
Biographie :
Scopa voit le jour le 24 avril 1979 à Vitry-sur-Seine dans une famille ritale dont la particularité est de porter des lunettes de soleil noires dans des voitures noires dont les coffres résonnent souvent de coups sourds. Très vite sensibilisé aux arts, le petit Scopa se met en quête de tout ce qui pourrait enrichir sa vie, ses sens et son cortex bouillonnant. Une main sur l’ivoire du piano, il commence à gratouiller les cordes d’une contrebasse d’un orteil habile, sa dernière main étant occupée à pincer les fesses de sa nourrice, qui ne tardera pas à constater la précocité du gaillard. Touche-à-tout, il gravit les échelons du conservatoire de Choisy le Roi et fait partie un moment des Jeunes Musiciens d’Ile-de-France, avec plus d’une centaine de concerts à travers l’Europe, dont le point d’orgue sera probablement une première partie de Tom Jones à la salle Pleyel devant 1000 fans hystériques dont certaines recevront dans la soirée un triple pontage coronarien. Mais le jeune prodige ne se contente pas du beat des pacemakers puisqu’il se tourne très tôt vers le hip-hop, les anciens du 94, Kerry James surtout et encore, vers les incontournables NTM, Akhenaton, Lunatic… lui donnant l’occasion de s’essayer à ses premières lyrics sauvages dans sa salle de bain. Il passe ainsi 4 ans sur GENERATIONS FM 88.2 où, outre l’émission Jazz « Bleu Citron » qu’il réalise, il anime « Basse Fréquence » le samedi matin à côté d’études plutôt studieuses. Il continue pendant tout ce temps de bouffer la vie à pleines molaires, se collant quelques mines antipersonnelles lors de soirées mémorables. Aujourd’hui un peu plus posé, il reste cependant capable de presque tout, et continue à mater chaque opportunité de s’écarter du chemin rectiligne avec l’œil du squale…
Signe Particulier : Aime fusionner les voitures de fabrication allemande avec des objets immobiles.
Phrase préférée : Vas-y Asher, on s’casse !!!
Aurélien, alias JAG, alias ASHERMAN
Biographie :
Asherman ouvrit les yeux le 03/12/1979 à Paris, dans le 13ème arrondissement. Aussi loin que remontent les souvenirs de ses proches, il a toujours remué en tous sens, certains témoignages invérifiables affirment que « Jah » fut le premier mot qu’il prononça à sa famille perplexe. « Range ta ferraille, si la scie…Aïe ! » : ainsi juraient régulièrement les parents du jeune et bricoleur Asher qui éparpillait constamment ses outils. Cette phrase mélodieuse serait un peu plus tard la source involontaire de sa vocation : il serait raggaman. Assidu (et ailleurs aussi), il se met alors à étudier le jahgurt, cet étrange langage que l’on croyait disparu, et qui consiste en la construction de phrases suivant le schéma suivant : sujet + onomatopée + verbe + râle + mot amputé d’une syllabe + grimace pendant la gorgée de rhum + cri guttural. Outre les rappeurs français de la grande époque de 96, Rhoff, Assassin, NTM, Intouchables (pour faire court), il suit aussi les grosses pointures du Wu-Tang, Method Man ou encore Busta Rhymes. Il croisera d’ailleurs ce dernier sur Skyrock, une rencontre qui va bouleverser son existence puisque le chanteur à la lèvre spasmodique posera à quelques mètres de lui, en compagnie de la crème du ragga français. Jusqu’à ce que l’on le mette en terre, Asher se souviendra toute sa vie de cette phrase que le mentor lui distilla d’une voix grave : « Hey man, you’re behind the mike ! Move your big ass ! ». Depuis ce jour, plus rien d’autre ne saurait atteindre ses tympans que les mélopées survoltées et primales des Capleton, Sizzla, BountyKiller ou encore Damian Marley pour les plus roots. Essayer de lui faire écouter autre chose, c’est un peu comme préparer du potage de lentilles à une meute de loups du Yellowstone… Asher aura aussi l’immense privilège de réaliser un featuring avec Joey Starr sur le DVD du concert NTM, bon à trente mètres de la scène mais quand même, c’est un début. Joey Starr dira d’ailleurs un peu plus tard de lui : « Putain avec c’gros naze j’voyais pas la salope de blondasse qui m’chauffait derrière, boooombaa etc. etc. ». Les basses sont posées; les soirées arrosées et sa cartouche de clopes quotidienne aidant, sa voix se façonne peu à peu comme une falaise irlandaise, abrupte, rauque et tonitruante, jusqu’à devenir celle qui s’épanche aujourd’hui dans vos pavillons auditifs. Maintenant plus réfléchi, il vérifie au préalable la musculature des lascars dont il fauche les meufs. Et il est très ponctuel aussi…
Signe Particulier : A la saison automnale, aime l’exhibitionnisme devant les videurs de soirée.
Phrase préférée : Attend ! encore un …gloup…verre !
Home Sweet Home
La création de ce groupe, dont le préambule vous est conté dans le livret de « 25 Piges » (quoi ? ! vous l’avez pas encore acheté ??!!) résulte en réalité d’une équation simple à deux inconnus. Asher et Scopa sont deux potes qui se suivent et se soutiennent depuis la maternelle, aussi il n’était finalement pas si étonnant que deux amis qui ont en commun des goûts musicaux prononcés se tournent un jour l’un vers l’autre un sourire aux lèvres en se disant : pourquoi pas ? La boutade muta peu à peu pour devenir d’innombrables soirées de posage sur un poste radio dans l’habitacle d’une Safrane d’une impasse de Choisy-le-Roy, puis la participation à une première compilation, « Attack Massive » avec notamment les mectons de RSP. Ils s’essaient peu à peu sur les planches avec un premier mini-concert privé à Courtenay, dont l’esprit néo-beatniko-nimportequoiiste teintera fortement le morceau « Paris Playa ». Le projet prend ensuite forme avec l’arrivée en 2004 de Julien, alias Poutch, qui met son grain de sel électro et pop dans un potage déjà bien fourni. Des instrus qui claquent, des voix qui s’affirment, un jeu de jambe en hausse et un taux d’alcoolémie en baisse… il n’en fallait pas plus pour que la fusée Home Sweet Home atteigne son orbite et commence à faire parler d’elle. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui comme hier, le groupe s’attache à cimenter son succès avec l’amitié qui lie ses membres, car c’est lui qui est le garant de leur énergie et de leur son…ceci dit, moyennant une bouteille de Mezcal, vous pouvez embauchez Asher sans problème…
Biographie/Présentation courte :
Asherman et Scopa déboulent tous deux (et tout droit) de leur banlieue sud natale, des vastes landes de Choisy-le-Roi pour être précis, où ils ont passé le plus clair de leur jeunesse. Pas dorée ni de fer, celle-ci a vu l’éclosion de deux personnalités bien trempées jusque aux os. D’un côté Scopa, le rital au sourire transalpin, joueur de contrebasse et de piano, une curiosité de Jack Russel en bandoulière et une insatiable faim d’expériences en ont fait un touche-à-tout survolté. Il pose posé, et son flow s’écoute note à note, comme une mélodie qui dégringolerait l’ivoire noir et blanc, un flow qui puise ses racines dans des influences variées, avec en toile de fond les anciens rappeurs du 94, Kerry James ou encore Lunatic, NTM… De l’autre, Asher’, le raggaman au déhanchement païen, une enveloppe massive qui cache un regard fin ainsi qu’une voix profonde et rauque. Chanteur instinctif, il enchaîne les mots comme des pas de danse, à la manière de ses références : Capleton, Sizzla, ou encore Bounty Killer. Derrière les deux Aurélien amis se dresse depuis 2004 un nouvel acolyte au talent bien trempé : Julien, alias Poutch, qui a traîné sa carcasse des mornes plaines du 78 pour injecter ses instrus électro-pop dans un son déjà bien carrossé.
Au final, ce sont les multiples influences de cette jeune formation qui leur donnent cette sonorité métissée, hip-hop mais pas stéréotypée. Leur premier album « 25 piges » est à cette image : des messages assénés par « Mectons à principes » à l’atmosphérique « Act like you like » en passant par le dansant « Isola » ou encore l’estival « Paris playa », difficile de coller une étiquette labellisée sur ce groupe qui se joue des clichés du genre. Un opus à découvrir vivement.
Historique album long :
Si l’on remonte aux fondements de cet album (ce qui est un peu crade), on retrouve un premier morceau (Banlieue Sud Coast) enregistré avec Gromat’ (qui est plutôt svelte désormais) à Skyrock. D’autres viendront le rejoindre rapidement : Pas d’doute, Blessures Profondes, Feuille Blanche Sans-Abris, en tout quatre morceaux qui vous l’aurez remarqué (sinon vous êtes sur ce site par erreur, auquel cas je tiens à vous prévenir qu’il n’y a aucune photo cochonne à cette adresse, pas d’ça chez nous) ne figurent pas sur le premier opus distribué de ces deux starfooleks. Pourquoi ? Parce qu’un projet vit, à l’instar d’un homme, de choix et que ceux-ci correspondent à un âge, une époque et n’auraient aujourd’hui que peu de sens, sinon celui d’une nostalgie larmoyante (et peu audible aussi). Mais comptez sur moi pour retourner ma veste dès que le succès planétaire les poussera à ressortir celles-ci pour entretenir leur seizième femme/Aston Martin/lifting (rayer la mention inutile). Bref, bien arrosée pendant trois ans, la croissance de l’album s’accélère avec l’arrivée de Poutch et ses ronchonnements électroniques. Celui-ci signera l’ensemble des instrus et donnera par sa patte la couleur particulière des sons de l’album, à l’exception notable de Sans Piano qui fut réalisée par Orsten.
L’album, tentative d’auto-catalogage avant que Télérama n’use de néologismes musicaux :
Les multiples racines et influences qui s’expriment à travers les trois piliers de ce projet font qu’aujourd’hui « 25 Piges » est un album de rap/ragga qui puise dans son arbre généalogique fourni et tente d’apporter une couleur nouvelle à un genre qui après vingt ans d’existence est déjà sacrément dense. Ici pas de rage aveugle contre les hommes en bleu (même si de l’avis même des deux lascars, l’amputation d’un membre vaut mieux que le port du sifflet), pas d’histoires de voitures qui flambent ou de meufs qu’on traîne dans la boue, mais plutôt les réflexions spontanées de mecs de…ben ouais 25 piges justement. Je vois déjà arriver la cohorte des pourfendeurs d’intellect qui qualifieront volontiers ce tome 1 de repaire de tarlouzes, de bourgeois ou de moralisateurs, et à ceux-ci je répondrai par des mots de plus de trois syllabes, histoire de faire fondre le peu de connexions synaptiques qu’ils trimballent sous leur boîte crânienne. « 25 Piges » n’est pas un cahier de doléances, il n’est pas une liste de revendications, non, « 25 piges » est un album de hip-hop, et je vous laisse juger s’il s’agit d’un bon, j’vais pas prêcher le convaincu que je suis…
Présentation album courte :
C’est une étonnante giboulée musicale qui arrive dans les bacs en cette fin de mois de mars : « 25 piges » est le surprenant premier opus d’une jeune formation hip-hop parisienne, Home Sweet Home qui signe là un rap-ragga à la sauce électro-pop des plus efficaces. On est bien loin ici des clichés qui collent encore trop souvent au milieu hip-hop, et c’est sans hésitation que l’on franchit peu à peu les 14 titres qui composent cet opus. Pas d’estampillage « cité » donc mais des instrus originales sur lesquelles se posent les flows de deux chanteurs développant chacun leur personnalité vocale : de Scopa le rappeur qui fignole des textes chaloupés et chargés de sens à Asher, le ragga-man à la voix rauque et grondante, on se surprend à rapidement fredonner certains des plus marquants des refrains, voire même sautiller version dancehall tant les instrus électro de Poutch, le troisième larron, s’avèrent puissantes. En toile de fond de l’album, trois personnalités transparaissent avec leurs histoires, leurs doutes, leurs espoirs et leurs influences. Ainsi, on passe aisément des messages assénés par « Mectons à principes » à l’atmosphérique « Act like you like » en passant par le dansant « Isola » ou encore l’estival « Paris playa ». En bref, un très beau premier album que ce « 25 piges », à ranger sans hésiter dans sa discographie.