Edgar Bronfman Jr, le P-DG de Warner Music, pense avoir trouvé la parade pour compenser la baisse quasi inexorable des ventes de CD. Dans un discours prononcé lors d'une conférence à Aspen (Colorado), il a annoncé la création d'un nouveau label, qui assurera la distribution des artistes uniquement en ligne.
«Nous sommes en train d'expérimenter un nouveau modèle économique», a-t-il déclaré. Baptisé "e-label", ce système proposera aux artistes un nouveau rythme de distribution: ils pourront sortir «deux ou trois chansons à la fois, à quelques mois d'intervalle, plutôt qu'un album entier tous les deux ou trois ans».
Ces morceaux seront bien sûr distribués sur les plates-formes de téléchargement numérique. Avantage pour l'artiste, selon Bronfman: «Il n'a plus besoin d'avoir suffisamment de matière pour un album entier, mais juste assez pour résonner à nos oreilles». Une initiative qui lui permettra de se développer «dans un environnement plus favorable, moins risqué». Nombre de musiciens ne parviennent pas à percer parce que leur premier album ne s'est pas vendu assez et que les maisons de disque refusent ensuite de les resigner.
Des agrégateurs de contenus déjà sur le créneau en France
Soumis à une pression commerciale moindre, ils conserveront par ailleurs la propriété de leurs masters et de leur copyright (ou droit d'auteur). Ce système est surtout très bénéfique pour la maison de disques, dont les coûts sont réduits à leur minimum: elle ne finance plus la production du disque, et revoit à la baisse ses coûts marketing.
Edgar Bronfman n'a rien inventé: Universal Music teste déjà ce même modèle, via sa filiale UME Digital, depuis près d'un an aux États-Unis. Son label cible en priorité des artistes "autoproduits", ou un minimum reconnus, qui diffusent notamment leurs morceaux via leur propre site web.
En France, des sociétés n'ont pas attendu que les maisons de disques cogitent sur la question: des agrégateurs de contenus musicaux, comme Wild Palms Music ou Believe.fr proposent exactement les mêmes services aux artistes. À mi-chemin entre prestataires techniques et labels indépendants, ils permettent à des musiciens autoproduits d'être distribués sur iTunes, Virginmega ou encore Fnacmusic. Ils les rémunèrent uniquement sur les ventes, avec des taux de reversement entre 50% et 70% (contre environ 15% chez une major).
Par Estelle Dumout - ZDNet France - Mercredi 24 août 2005